L'histoire aurait pu être simple : un garçon rencontra une fille, ils se marièrent et vécurent heureux jusqu'à la nuit des temps. Seulement voilà, là on parle de la richissime famille des Edgecombe, et simplifier l'histoire de mes parents serait une injure à notre nom !

Minias Edgecombe, mon père avait enfin hérité de la fortune et de la ferme familiales. Non sans mal ! Papa était en effet cracmol, et Papy Ovize avait préféré son fils benjamin Garlin plutôt que l'aîné pour reprendre l'élevage familiale de boursoufs. En effet, toute cette richesse avait été dignement gagné par un de mes aïeux Victorik Edgecombe et par son frère Eméric, tous deux à la tête de la société Edgecombe & Edgecombe. Ils avaient en effet eu l'ingénieuse idée d'élever des Boursoufs qui, dit-on, étaient les plus beaux et les plus robustes de toute l'Angleterre à cette époque-là. Les boules de poils se vendaient très bien, et l'argent rentrait facilement. Papy avait eu une très mauvaise idée ce jour-là. Mon oncle, solitaire et plus cupide qu'Harpagon, n'avait pas du tout le sens des affaires et ne connaissait strictement rien aux boursoufs. L'épidémie de 1982 eu raison des magnifiques boursoufs qui faisaient la notoriété de Edgecombe & Edgecombe. Désespéré, il se suicida, et la ferme, en piteux état, passa à mon père, ainsi que la fortune que Garlin n'avait ni fructifié ni dilapidé.
Papa, même cracmol, avait la bosse des affaires. Fini l'élevage, vive les rentes et les investissements ! Il acheta massivement dans l'immobilier, et plaça de l'argent dans quelques équipes de Quidditch ("le sport ça rapporte gros" dit mon père) et dans d'autres événements dont il était sûr que cela lui rapporterait. Il épousa une employée du Ministère, Ariana Bulovar, issue d'une petite bourgeoisie anglaise. Ma mère ambitionne un jour de devenir Ministre de la Magie, et avec les gros sous de papa, certains qu'elle y arrivera !

Je naquis en 1979, après Philomène de 3 ans mon aînée, mais 4 ans ma sœur Claudia. Mes parents ont longtemps cru que j'étais une cracmol, et cela ne les dérangeais pas (à vrai dire, mon père en était un !), mais ils comprirent finalement que je ne pouvais pas atteindre le plafond du salon pour dessiner mes énormes éléphants bleus que j'adorais reproduire étant petite. Oui, le gros crayon pastel se retrouvait toujours au plafond lorsqu'on m'interdisait de dessiner sur les murs. Il ne faut jamais limiter la créativité des enfants ! Bref, j'étais une sorcière, et personne ne pouvait en douter.

A l'aube de ma onzième année, je reçus la précieuse lettre de Poudlard. La seule chose qui m'inquiétait, c'était la répartition. Philomène, Serpentard par nature, discourait sans cesse sur la menace des Gryffondors, au grand dam de maman qui y était allé. Connaissant très peu de chose, papa estimait que le mieux peut-être était que chacune de ses filles aillent dans une maison différente, encore au grand dam de maman qui ne souhaitait pas faire un quatrième enfant. Je partis donc de la maison effrayée, surtout parce que ma sœur aînée avait légèrement insinué que le Choixpeau ne pouvait choisir la maison des élèves de Poudlard seulement en aspirant leur cerveau. Je l'avoue, ce jour-là, je l'ai totalement cru. C'est toute tremblante que je m'avançais vers le chapeau parlant. Heureusement, rien ne se passa ; enfin presque. Il cria tellement fort "Serpentard" que je tombai de le chaise d'un bond !

C'est en seconde année que je commençai mon commerce de rumeurs. Tout était parti d'un "jeu". Une de mes amies avait été gravement humilié par un Gryffondor. Personnellement, à l'époque, je n'avais aucune haine entre les différentes maisons, même si l'effet de groupe peut parfois vous pousser à commettre des actes que vous ne pensez pas vraiment. Bref, je devais rétablir l'honneur de mon amie, et par la même occasion, me venger de l'élève qui lui était tombé dessus. Ni une, ni deux, j'essayais tous les moyens : sorts lancés par derrière, bagarres, farces, etc ; rien ne fonctionnait. J'ai donc eu l'idée de lancer une petite rumeur, histoire de le déstabiliser pour pouvoir frapper plus fort ensuite. Cela alla au delà de mes espérances ; la rumeur en elle-même lui avait été fatale. Je compris alors que je tenais peut-être un filon d'or. Je commençais tout d'abord tout petit, seule ma bande d'amis était au courant et me payait mes services. Tout alla ensuite très vite ; de "bouche à oreille", j'étendis mon business sur Serpentard, puis sur Poudlard tout entier. Quelques personnes mal informées ont essayé par la suite de me concurrencer, mais ils se sont tous cassés les dents ! Il est inutile de dire que mes services sont réservés à une clientèle que je qualifierais d'élitiste, tout le monde n'a pas en effet les moyens de financer ce genre de "campagnes de déstabilisation" comme j'aime les appeler. Aujourd'hui, j'ai des contrats avec bon nombre d'élèves de Poudlard, de riches individus aux plus populaires, qui souhaite détruire ou redorer (parce que c'est aussi possible !) une réputation. Alors si vous ne savez pas quoi faire avec vos gallions, vous savez où me trouver... A moins que vous soyez vous-même l'objet de ma sentence...

Parallèlement, il fallait que le reste des élèves qui ne me fréquentait pas après les cours ne découvre pas mon identité secrète. Je me construisis donc un rôle à la mesure de ma supercherie, celle d'une pauvre et blonde cruche. Et ça fonctionne ! La désespérante populace voit en même une teigne écervelée qui ne peut avoir de relations amoureuses durables ! Mais c'est là l'art de la comédienne !